En 1966, Yves Saint Laurent lance le smoking féminin, brouillant d’un geste les frontières longtemps considérées comme inépuisables entre les garde-robes. Un siècle plus tôt, la police londonienne interdisait le port du pantalon aux femmes dans les lieux publics. Les prescriptions vestimentaires n’ont pourtant jamais empêché certaines figures d’adopter des codes opposés ou hybrides, souvent en défi à l’ordre établi.
Aujourd’hui, la multiplication des collections mixtes n’efface pas la persistance de normes de genre dans la mode. Les influences et les choix restent marqués par l’histoire, les icônes et les évolutions sociales, dessinant un terrain mouvant où s’invente un style en constante redéfinition.
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Le style androgyne : entre histoire et affirmation de soi
Parler de style androgyne, c’est remonter le fil d’une histoire dense, faite de prises de position et de ruptures créatives. Ce n’est pas un simple effet de mode, mais un mouvement profond, une manière pour certains de se dresser face aux prescriptions héritées. Marlene Dietrich, audacieuse en smoking dans le Paris des années 1930, ou David Bowie, caméléon pop des années 1970 à Londres, ont incarné cette liberté de s’habiller à contre-courant, de refuser l’assignation. Pour eux, le vêtement devient revendication, outil de résistance, miroir d’une identité affranchie des cases toutes faites.
Ce souffle androgyne n’a rien d’un phénomène éphémère : il traverse les décennies, déjoue les catégories, s’inspire autant du vestiaire masculin que féminin. Les lignes se tendent, les coupes se simplifient, la palette se fait sobre. À Paris, certains créateurs effacent délibérément la séparation entre pièces masculines et féminines, ouvrant la voie à de nouvelles façons de penser l’identité de genre. Dans les années 1980, la veste d’homme s’impose sur les épaules féminines, le pantalon s’invite partout sans provoquer d’émoi.
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Voici trois points saillants pour comprendre ce phénomène :
- Les figures majeures comme Dietrich ou Bowie incarnent la liberté et la puissance d’un style androgyne assumé.
- Le vêtement devient un support d’affirmation personnelle et de contestation des normes sociales.
- Les démarcations entre hommes et femmes s’estompent, redéfinissant le style vestimentaire contemporain.
La mode ne se contente plus de séparer les genres par des codes figés. Désormais, elle s’amuse à brouiller les pistes, à complexifier la question du genre. Le look androgyne ne se limite pas à une silhouette neutre : il exprime une volonté d’émancipation, un refus des catégories imposées. Derrière la rigueur d’une coupe droite ou la simplicité d’une chemise ample, on aperçoit la détermination de s’inventer soi-même, sans demander l’autorisation.
Quelles influences façonnent la mode androgyne aujourd’hui ?
Aujourd’hui, le vêtement androgyne s’imprègne d’influences multiples, brassées par une génération qui fait du mélange des genres son terrain de jeu. Les réseaux sociaux accélèrent la cadence : Instagram, TikTok, YouTube deviennent les vitrines où se dessinent de nouvelles tendances. Les influenceurs, stars ou anonymes, propagent ces codes auprès d’un public qui les adopte sans complexe. Le look androgyne s’invite alors dans le quotidien, porté par une énergie collective et contagieuse.
Des personnalités comme Tilda Swinton, Kristen Stewart, Cara Delevingne ou Jaden Smith réussissent à déstabiliser les repères classiques entre masculin et féminin. Sur les tapis rouges ou dans la rue, ils inspirent une jeunesse qui refuse de choisir son camp. Tailleur, pantalon large, veste droite ou jupe basse : tout se mélange, rien n’est figé. Leur influence, relayée par les médias et les réseaux, contribue à transformer le regard de l’industrie mode.
Quelques dynamiques majeures caractérisent cette évolution :
- La mode féminine s’approprie des éléments traditionnellement masculins.
- Des créateurs comme Vivienne Westwood ou Stella McCartney font de l’androgyne un véritable laboratoire d’innovation.
- Les grandes maisons s’appuient sur des mannequins à l’identité mouvante pour leurs campagnes.
La mode ne se contente plus d’accompagner le mouvement. Elle en devient le moteur, interrogeant la notion même de genre à travers ses collections. Cette vitalité s’observe autant sur les podiums que dans la rue, portée par des figures en vue comme par des anonymes qui, chaque jour, défient la monotonie des normes. La tendance androgyne s’impose ainsi comme une vague qui ne cesse de se renouveler, insaisissable, portée par le désir de s’affirmer soi-même.
Explorer les multiples façons d’adopter un look androgyne
Adopter le look androgyne, ce n’est pas jouer un rôle ou suivre une recette toute faite. C’est une démarche progressive, où l’équilibre naît du mélange subtil entre pièces masculines et féminines. Beaucoup privilégient des couleurs neutres, des lignes franches, des matières souples, mais rien n’empêche de choisir un imprimé fort ou une association inattendue. Le vestiaire s’élargit : blazer masculin, chemise ample, pantalon taille haute, t-shirt épuré, bottines ou derbies. L’indémodable jean, le trench oversize, la veste en cuir traversent tous les genres, s’adaptent à toutes les envies.
Les accessoires signent l’allure et apportent la touche finale : une paire de boucles d’oreilles graphique, une ceinture marquée, une montre volontairement massive, un sac aux lignes nettes. Parfois, une robe s’invite, twistée avec des boots et une veste bien structurée. Le style tomboy séduit, notamment par la superposition : t-shirt sous pull ample, veste d’homme sur jupe droite, sneakers épurées.
Voici quelques pistes concrètes pour composer un style androgyne à sa mesure :
- Adapter les vêtements hommes-femmes à chaque occasion : tailleur fluide au bureau, jean droit et chemise en ville, blazer sur t-shirt pour sortir.
- Jouer avec les matières : coton, laine, cuir, denim, pour créer une silhouette sans étiquette.
- Expérimenter le style chic décontracté : pantalon ample et derbies, chemise fluide sur débardeur, veste croisée posée sans façon sur les épaules.
L’offre explose, portée par les enseignes généralistes autant que par des labels indépendants. H&M, par exemple, imagine des collections où la frontière homme-femme s’efface. Chacun peut ainsi explorer le style androgyne à sa manière, sans jamais sacrifier sa singularité.
Marques et créateurs à suivre pour s’inspirer et oser l’androgyne
Le vestiaire androgyne ne se limite plus à quelques rares signatures audacieuses. Aujourd’hui, les grandes maisons historiques et de nouveaux labels repoussent sans relâche les frontières du genre. Sous l’impulsion d’Alessandro Michele, Gucci propose des silhouettes où féminin et masculin se rencontrent, s’imbriquent, se réinventent. Les codes se télescopent, les costumes se réécrivent, la jupe dialogue avec le tailoring, la soie s’insinue dans le vestiaire masculin.
Chez Saint Laurent, l’esprit d’Yves Saint Laurent perdure à travers des costumes garçonnes, des smokings pour femmes et une esthétique de la rigueur. Le style androgyne s’y affirme, le noir domine, la coupe prime.
Sur la scène britannique, JW Anderson se fait remarquer avec des collections unisexes, jouant sur l’ambiguïté des volumes et la liberté des matières. Balenciaga ou Celine bousculent aussi les attentes, misant sur des pièces sobres, puissantes, conçues pour troubler les repères. Des pionniers comme Jean Paul Gaultier ou Vivienne Westwood ont ouvert la voie depuis des décennies, repoussant méthodiquement les codes du vêtement.
Du côté du sur-mesure, Sumissura adapte l’art du tailoring à toutes les identités et morphologies. L’inspiration de figures telles que Coco Chanel ou Madeleine Vionnet se glisse dans la souplesse des coupes, la légèreté des tissus, la volonté de briser les carcans.
Quelques noms incontournables pour explorer ce style :
- Gucci : fusion des genres et des textures.
- Saint Laurent : l’héritage du smoking féminin revisité.
- JW Anderson : le jeu permanent avec l’ambivalence.
- Sumissura : tailoring sur-mesure et inclusif.
La mode androgyne ne se limite plus à une poignée d’initiés. D’icônes comme Brigitte Bardot à Tilda Swinton, la vague s’étend. Poussée par une soif d’expression individuelle et d’ouverture, la mode unisexe s’impose sur les podiums et dans les rues, portée par un marché mondial en expansion. Les marques suivent le mouvement : le style androgyne infuse désormais les rayons, invitant chacun à s’affirmer, à sa façon.
La mode androgyne ne cesse de se transformer, portée par celles et ceux qui osent brouiller les pistes, s’inventer au-delà des étiquettes. Dans les vitrines comme dans la rue, la créativité ne connaît plus de frontières. Qui sait où ces nouvelles silhouettes nous entraîneront demain ?